Souvenons-nous. Giscard dEstaing avait théâtralisé son échec à lélection présidentielle de 1981 par une chaise vide. Limage, qui se voulait dramatique, némût pas grand monde.
Une fois digéré ce double échec, Giscard neut de cesse de montrer quil vivait encore et quil pouvait « être utile ». Mais, plus il se démenait dans les médias plus il agaçait ses amis politiques et faisait sourire la majorité des gens.
Ces interventions, largement médiatisées, permettaient au maire de Saint-Chamond de satisfaire sa manie à distribuer les bons et les mauvais points, mais pas son ambition de peser politiquement au-delà de lUDF [1].
Lassé de lingratitude des français, lex-président de la République endossa un temps les habits de camelot de lAuvergne. Puis, à la quête dun emploi plus gratifiant, il prit le chemin de Bruxelles où on lembaucha comme scribe de la future Constitution de lUnion européenne.
Jospin suit la même trajectoire, mais en qualité dex-candidat à la présidence de la République.
Après avoir abandonné son camp le soir du 21 avril et annoncé publiquement quil se retirait de la vie politique, le citoyen Jospin a néanmoins pris soin dentretenir une présence médiatique.
Dans un premier temps, il a fait parler les autres : sa femme, son ex-femme et sa mère. Puis, il prend la parole dans Le Monde du 1er février 2003, sur deux pleines pages, pour affirmer quil voulait « être utile » [2].
Ce militant ordinaire aurait conservé un bureau et sa secrétaire au siège du PS, rue de Solférino. Il accepte complaisamment dassister à une réunion de sa section du XVIIIe arrondissement sous les projecteurs des caméras.
Aujourdhui, « lhomme libre » accorde une interview à Jean-Pierre Elkabbach et distribue aux autres ses bons et ses mauvais points pour ne pas faire le bilan de sa propre défaite la perte de 2,5 millions délecteurs entre 1995 et 2001. Jospin se comporte comme un demandeur demploi qui maquille son CV.
Serge LEFORT
15 avril 2003
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1] Il pesa dailleurs de moins en moins dans son propre parti.
[
2]
Le Monde du 18 octobre 2002 lui avait ouvert la voie en réalisant un curieux sondage destiné à prouver que « Si cétait à refaire, Jospin serait au second tour ». Ce quotidien oublia quil avait publié un dossier, les 17 et 18 mars 2002, sur « la fabrique de l'opinion » par « la folie des sondeurs ». La même « logique industrielle » permet à Jean-Marie Colombani de justifier « quil imprime le quotidien gratuit 20 minutes » « alors même que la rédaction du
Monde, dans un éditorial, sest inquiétée des conséquences dune gratuité de la presse pour la profession de journaliste » (
Le Monde du 7 mars 2003).
© Serge Lefort - Desde Coyoacán