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Répétition générale... sans perspective

Ce 1er mai 2003 fut placé sous la bannière de la défense des retraites et des salaires. Les syndicats ont voulu réaliser une démonstration de force dans la rue sur ce thème fédérateur.
 
Á Paris, les banlieues travailleuses ont défilé en masse. La CGT a fortement mobilisé sous ses banderoles des travailleurs du 91, 94, 93 et 95 – surtout ceux du secteur public. Au carrefour des boulevards Voltaire et Richard Lenoir, Marie-George Buffet diffusait le tract du PCF « Résister et construire une alternative » en simple militante. Cette image contrastait avec celle d’Arlette entourée de ses gardes du corps comme une starlette.
 
De la République à la Nation, les lycéens ont défilé derrière la CGT et les diverses organisations politiques en partie devant et surtout derrière les cortèges syndicaux. Dans les rangs des politiques, les slogans dénonçant l’occupation de l’Irak et des territoires palestiniens faisaient jeu égal avec celui de « Égalité pour les retraites » (LCR). Le mouvement ATTAC arborait une banderole avec le slogan : « 1er mai 2002 Non à l’extrême droite – 1er mai 2003 Non à la droite extrême ». Certains groupes minoritaires avaient agencé un stand sur le parcours de la manifestation, une manière d’être plus visible.
 
Les syndicats voulaient faire de ce 1er mai la répétition générale des grèves et des manifestations du 13 mai. Si cette manifestation fut plus importante qu’en 2001, elle reste pourtant limitée non seulement en raison du nombre mais surtout du degré de la mobilisation des manifestants. Dans les rangs de la CGT, par exemple, régnaient un étrange silence collectif et beaucoup de réflexions désabusées sur l’issue de la bataille.
 
Le tract du PCF symbolise l’absence de perspective politique à la résistance des travailleurs aux projets Raffarin-Fillon sur les emplois, les salaires et les retraites : « Nous pouvons faire le choix d’une société de liberté et de réponses aux besoins humains. C’est le sens que nous donnons à notre ambition communiste. C’est pourquoi nous sommes disponibles pour que s’ouvre avec toutes et tous un grand débat citoyen dans le pays sur les contenus d’une véritable alternative politique. Disponibles pour construire avec toutes celles et ceux qui veulent une alternative de société. »
 
Le choc du 21 avril 2002 a laissé toute la gauche dans le coma, mais le gouvernement Raffarin sait que la victoire de Chirac reste fragile. Le spectre des grèves de novembre-décembre 1995 hante la droite.
 
Serge LEFORT
1er mai 2003

© Serge Lefort - Desde Coyoacán